Clark Terry prend d’excellents chorus clans la plupart des morceaux, notamment Globetrotter, Zipco-ed, Buck’s business, One foot in the gutter (au début de ce dernier morceau, il est terriblement « blues » et « funky »). Je sais que nombre d'amateurs de jazz pigent encore mal Clark Terry, s’imaginant qu'il sonne quelque peu comme certains trompettes bop. C’est voir les choses à l’envers. C’est Miles Davis qui a fait des emprunts à Clark Terry (il l’a reconnu) et non le contraire. Mais le jeu de Clark Terry est plein d’une sensibilité vibrante, d’un swing, d’un accent très « jazz » qui sont totalement absents de la morne trompette de Miles Davis, qui a vulgarisé, et mal vulgarisé, certaines des idées de Clark Terry. De temps en temps, il est vrai, Clark Terry exécute des phrases véloces dont quelques-unes s’apparentent plus ou moins à deux ou trois tournures familières à Gillespie mais il y a, dans la façon dont Clark Terry les joue, une décontraction, une souplesse, une vivacité rythmique qu’on aimerait bien trouver dans les chorus de Dizzy (lequel ne swingue -— parfois — que lorsqu'il joue des phrases simples -- ce qui lui arrive rarement).