HUGUES PANASSIÉ et le Bulletin du Hot Club de France
Ecoutez autrement les chef-d'œuvres du jazz en lisant la chronique d'Hugues PANASSIÉ

Sweetie Pie (1934) FATS WALLER

Fats Waller (p & voc), Herman Autrey (tp), Flyod O'Brien (tb), Milton Mezzrow (cl), Al Casey (g), Billy Taylor (b), Harry Dial (dm)
Bulletin du Hot Club de France N° 115 février 1962
Fats Waller
Sweetie Pie est une autre merveille.

Encore un de ces parfaits tempos moyens comme Fats savait les trouver. Le chorus de piano par lequel s'ouvre le morceau est stupéfiant: il est à peu près entièrement construit sur un de ces riffs qu'affectionnait Jimmie Noone à la clarinette, riff que la main droite de Fats swingue inlassablement, les notes ne changeant que pour suivre le tremplin harmonique.

L'aisance avec laquelle Fats " se promène " tout au long de ce chorus défie toute description. Après un vocal magistralement accompagné (tout l'orchestre participe à cet accompagnement), Mezz prend un ravissant solo de clarinette.

Porté (comme tout bon musicien l'est infailliblement) par le soutien incomparable de Fats, Mezz joue avec une aisance suprême dans le plus pur style Nouvelle Orléans et, après les 8 premières mesures, plus particulièrement dans le style Jimmie Noone.
Herman Autrey prend la fin du chorus, puis c'est un formidable chorus d'improvisation collective, dès le début duquel Autrey redouble de swing et d'invention. Fats crie alors " Rock rock rock " et déchaîne tout le monde. Tandis qu'Herman Autrey " mène " dans un style assez Armstrong et que O' Brien joue du trombone dans l'esprit Kid Ory, Mezz improvise le plus magnifique contrepoint de clarinette qui se puisse imaginer, descendant de l'aigu au grave et remontant dans l'aigu à la Jimmie Noone en swinguant de façon irrésistible.

La section rythmique " rock " à mort, la tension monte monte, et dans les dernières mesures réellement explosives, les musiciens atteignent un maximum de véhémence, de force expressive.